Chapelle de Kersaint
Notre-Dame de Bon Secours (ou du Vrai Secours)
Notre-Dame de Bon Secours, ancienne collégiale, est située à Kersaint, sur la commune de Landunvez (29840), à proximité du GR 34.
La chapelle est ouverte tous les jours de 10 heures à 18 heures, grâce aux bénévoles de l'association, du dimanche des Rameaux à la Toussaint et pendant les vacances de Noël. En dehors de ces périodes, la chapelle est ouverte tous les dimanches. Des visites de groupe sont possibles toute l’année en contactant l’Association pour la Sauvegarde des Chapelles de Landunvez : 06 62 53 81 49.
La Légende :
Kersaint, « village des saints », doit son nom à l’histoire de Saint Tanguy et Sainte Haude, au VIe siècle. Ils étaient les enfants de Galon du Chastel, seigneur de Trémazan, dont les ruines majestueuses du château sont encore visibles à Kersaint, près de la grève.
A l’endroit où, victime d’une tromperie, Haude fut décapitée par son frère, s’éleva très tôt un modeste édifice religieux dédié aux deux saints. Les du Chastel le remplacèrent à partir du XVe siècle par la chapelle actuelle, dont la plus grande partie date du XVIe siècle. En 1518, la chapelle, dédiée à Notre Dame du Vrai Secours, fut élevée par les du Chastel au rang de collégiale.
Trois vitraux, datant de 1901, réalisés par le maître verrier Léon Payan*, et deux statues rappellent les principaux épisodes de la vie des deux saints.
* voir site :
La suite de l'histoire :
Le 2 juillet 1791, un arrêté départemental ordonne la fermeture de la collégiale. Il prend effet le 10 août 1791. Ce lieu de culte devient un bien national, mis en vente puis acheté par Mme Bazil pour le soustraire aux profanations.
Le 1er septembre 1810, Mme Bazil fait donation de ses biens à la paroisse de Landunvez. La vie religieuse reprend jusqu’à la fin du XXe siècle.
Le 25 février 1903, le clocher est abattu par la foudre et entraîne la destruction partielle de la toiture et des vitraux. Le financement de la restauration du sanctuaire est assuré par les descendants de Mme Bazil. Pendant la grande guerre et la guerre 1939-45, de nombreux pèlerinages se déroulent à Kersaint pour implorer Notre-Dame du Bon Secours. Les pèlerins viennent de toutes les paroisses du doyenné de Ploudalmezeau (Porspoder, Lanildut, Brélès, Saint-Pabu, Tréglonou...).
Au printemps 1995, le Maire de la commune de Landunvez prend un arrêté de fermeture de la chapelle pour des raisons de sécurité (risque d’effondrement de la voûte). En 2003, après de très gros travaux financés par l’Union européenne, l’État, la Région Bretagne, le conseil général du Finistère, la Fondation pour la sauvegarde de l’art français, l’Association pour la sauvegarde de la chapelle de Kersaint et la Commune, la chapelle est à nouveau affectée au culte.
Deux vues anciennes : à gauche, "Vierge de la chapelle de Kersaint", 1875, Eau-Forte- 215 x 163, de Léon Lhermitte. Cette eau forte est conservée dans les réserves du Musée de Pont-Aven (29).
et à droite, une carte postale de la nef, datant d'avant les gros travaux de 1995.
Pendant des siècles et jusqu’à une époque récente, notamment pendant la guerre de 1914, le sanctuaire de Kersaint fut l’objet d’une grande dévotion populaire, drainant des pèlerins de toute la région, en particulier à l’occasion des pardons du 15 août de la Trinité et de l’Ascension.
Au sujet du pardon, voici un extraits de la Notice sur Notre-Dame de Kersaint, Abbé E. Appere, vicaire à Landunvez, 1936
« Chacune des chapelles bretonnes a sa fête, une deux ou plusieurs fois par an, son Pardon, qui réveille leur calme solitude coutumière.
Depuis le rattachement de la chapelle de Kersaint à la paroisse de Landunvez, il y a pardon à Kersaint à toutes les fêtes de la Sainte Vierge : les deux grands pardons ont lieu le jour de l’Ascension et le 15 août.
Le dimanche de la Trinité se fait le grand pèlerinage de dévotion et aussi pénitence, qui commence de très bonne heure dans la nuit. On l’appelle « Ar pardon mut », le « pardon silencieux » parce qu’on s’y rend, ce jour là, en gardant autant que possible le silence et en priant. Chaque pèlerin fait neuf fois le tour de la chapelle.
Chaque année, ces différents pardons ramènent aux pieds de Notre Dame de Bon Secours, un grand nombre de fidèles pieux et recueillis.
En dehors même de ces pardons, les pèlerins ne cessent d’affluer à ses pieds, pèlerins isolés, groupes de familles, communautés, collèges, patronages [....]
Ces voûtes ont retenti de la psalmodie des heures canoniales, ces murs ont entendu les foules murmurer des prières ».
Voici la bannière de la chapelle de Kersaint, avec au recto : Saint Tanguy ; au verso Sainte Haude :
A l’extérieur, on remarquera surtout le portail d’entrée en kersanton, et l’ossuaire à crânes.
A l'intérieur, le visiteur peut admirer de nombreux éléments remarquables :
Dans le chœur, l’ensemble autel, gradin d’autel, lambris de revêtement et tableau (retable) date de la première moitié du XIXe siècle et est inscrit au titre objet des monuments historiques depuis janvier 1992.
Le retable et son tableau de l’Assomption ont été transférés en 2014 vers la nef de la Vierge (voir plus bas) pour retrouver l’ouverture existant au XVIIIe siècle et y remettre un vitrail, installé en 2017. Seul est resté dans le chœur l’autel en bois polychrome.
Le maître-autel a été restauré par la société CoReum à la fin de l’année 2019 avec l’accord de la Direction régionale des affaires culturelles de Rennes.
Le vitrail de la fenêtre absidiale, réalisé en 2017, au -dessus du maître-autel, conçu par Hung Rannou et réalisé par Antoine Le Bihan, maître verrier à Quimper.
Le retable, situé au dessus du maître-autel, a été déplacé en 2014 vers la nef de la Vierge, puis a bénéficié d'une restauration par l'entreprise CoReum, avant de pouvoir reprendre sa place, en décembre 2020, au-dessus de l'autel de la Vierge. Le tableau de l'Assomption restauré y a été intégré.
Les statues de la chapelle
Sainte Anne, datant du XVIe siècle
Saint Tanguy, datant du XVIe siècle
Saint Joseph au lys (?), du XIXe siècle
Notre-Dame de Bon Secours, XVIe siècle
Sainte Haude, datant du XVIIe siècle
Sainte Femme, datant du XVIIe siècle
Les Ex-voto
Au mur de la chapelle de la Vierge, on trouve des ex-voto, reconnaissance de naufragés sauvés. Parmi eux, on remarquera des maquettes de bateaux ainsi que de nombreuses plaques de remerciement en marbre, signes de la dévotion des marins à Notre-Dame de Bon-Secours.
Le "Mois de Marie" de Mgr de Ségur donne le récit de l'un de ces naufrages :
"En septembre 1859, un navire jaugeant environ 250 à 300 tonnes, fut jeté par une violente tempête près des récifs de Kersaint-Portsall. Les pêcheurs, les douaniers et toutes les personnes qui se trouvaient sur la falaise disaient « Ce navire est perdu ; il ne peut pas ne pas sombrer !!! »
Le capitaine et ses matelots n'ignorent pas le danger qu'ils courent. Le capitaine dit à ses matelots : « Mes amis, courage et confiance ! Ne voyez- vous pas devant vous le sanctuaire de Notre-Dame de Kersaint ? Promettons- lui d'aller demain la voir, si elle nous tire d'ici ». A peine ont-ils fait la promesse sollicitée, qu'une vague immense projette leur navire au-delà des récifs, ils étaient sauvés...
Le lendemain matin, l'équipage entier, la tête et les pieds nus, vint remercier la Bonne Vierge de Kersaint d'avoir accompli un miracle en leur faveur."
En guise d'ex-voto, la chapelle a aussi reçu deux tableaux (la Sainte Famille et la Crucifixion), lire à ce sujet un extrait de la lettre du recteur, datant de 1856, ci-dessous :
Les blasons de la chapelle de Kersaint en Landunvez
Les blasons présents sur les poutres de la chapelle, représentent la généalogie de Tanguy V Du Chastel de Trémazan.
( Plan extrait de Landunvez héraldique par Michel Mauguin dec.2018 )
La chaire, dont l'entrée est, étonnamment, invisible de l'intérieur de l'église (elle se fait en fait par la sacristie).
L'existence au sein des murs de la chapelle d'une vingtaine de vases acoustiques permet aux sons de diffuser avec grande harmonie. Des concerts sont donnés régulièrement à Kersaint, notamment organisés par l'association "Cycle Musical de la Chapelle de Kersaint", dont voici le lien :
Les orifices des vases acoustiques, de différentes tailles, visibles sur le mur de la chapelle
Le couloir des lépreux
A l'écart des entrées principales, on trouve une porte, donnant sur un couloir, dit "des lépreux".
On trouve également, dans la chapelle de la Vierge, une petite cheminée, devant laquelle les pèlerins pouvaient se réchauffer.
Le couloir des lépreux vu de l'intérieur
La cheminée, dans la chapelle de la Vierge